Corneille a fait paraître son livre La mélodie du pardon le 15 mai dernier. Il y revient sur son histoire en parlant notamment directement à son père, décédé en 1994 avec le reste de sa famille lors du génocide des Tutsis au Rwanda. Corneille, 17 ans à l’époque, est le seul survivant.
« Je remarque des petites choses qui me rappellent ce qu’il s’est passé au Rwanda avant le précipice, avant le génocide des Tutsis au Rwanda », a confié Corneille à Guillaume Pley dans son émission Legend.
Différentes ethnies se trouvaient au Rwanda : les Hutus, en grande majorité, puis les Tutsis et les Twas. Les anciens colonisateurs, avant l’indépendance du Rwanda en 1962, avaient appuyé sur la différence entre les Hutus et les Tutsis, accordant davantage de valeur à ces derniers, qui ressembleraient davantage aux Européens.
La mère de Corneille était Hutu et son père Tutsi. Malgré tout, tout se passait bien au sein de leur famille, comme le déclare le chanteur. Mais le 6 avril 1994, tout va basculer après un événement qui va déclencher la guerre civile. L’avion du président rwandais, qui était Hutu, va être touché par un missile au-dessus de la capitale. Les Hutus vont accuser les Tutsis d’être à l’origine de cette attaque et vont lancer un plan d’extermination qui, en 100 jours seulement, ôtera la vie à plus de 800 000 personnes. Parmi elles, la famille de Corneille.
Corneille revient sur le massacre de sa famille
Dès le lendemain de cet événement, un couvre-feu est instauré. La famille de Corneille a commencé à entendre des coups de feu et, quelques jours après, l’électricité a été coupée. C’est dans la nuit du 14 au 15 avril que Corneille va voir sa famille se faire massacrer sous ses yeux.
Des personnes ont frappé au portail du jardin en appelant les prénoms des deux employés de maison. La mère de Corneille lui dit alors de se réveiller, et il a rejoint toute sa famille, assise dans le salon, face aux personnes venues en plein milieu de la nuit.
Le domestique présent, qui comprend le swahili, langue alors parlée par les assaillants entre eux, dit au reste de la famille : « Ils vont nous tirer dessus. » C’est à ce moment-là qu’ils se mettent effectivement à tirer. Corneille se cache derrière le divan avec son frère et un domestique. Les assaillants partent rapidement, et Corneille réalise peu à peu ce qu’il vient de se passer.
« Je pense que je suis conscient de l’horreur qui m’entoure donc je n’ai pas envie de regarder. J’ai conscience que tout le monde est mort sauf moi et je n’ai pas envie de voir. J’ai encore l’odeur du sang. », déclare-t-il à Guillaume Pley.
« Le seul souvenir que j’ai, c’est que je me rappelle des dernières respirations de ma petite sœur qui avait trois ans. (...) C'était la plus jeune de la famille et la dernière que j'ai entendue respirer. Pendant très longtemps, je me suis dit : Est-ce que j'aurais pu la sauver ? »
À cet instant, Corneille a vécu une dissociation émotionnelle pour survivre à cet événement surréaliste. Le chanteur pense que ce sont des Tutsis qui sont venus les attaquer, pensant que son père avait participé à leur extermination.
Pendant très longtemps, Corneille a eu le syndrome du survivant.
Corneille a pardonné à ceux qui ont assassiné sa famille
Corneille a perdu ses trois frères et sœurs, ses deux parents, et les deux domestiques qui étaient également dans leur maison au Rwanda. Pourtant, Corneille affirme avoir pardonné à ceux qui leur ont ôté la vie.
« À chaque étape je me suis rendu compte que tout passait par le pardon. (...) Ce que je vais dire va sembler très étrange, limite, je les remercie. Pas parce qu’ils m’ont fait du bien. Ils m’ont fait le pire qu’on puisse faire à un être humain. Et en même temps, aujourd’hui je regarde ma vie, je regarde mes enfants. J’aime ma vie exactement comme elle est, j’aime mes enfants exactement comme ils sont, j’aime mon épouse exactement comme elle est. J’aime mon bonheur comme il est. », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Si je change ce soir-là (...) J’ai peur de toucher à mon bonheur présent. »
Corneille confirme que l’amour est possible après le pire.