C’est l’histoire d’un drame conjugal qui a défrayé la chronique. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, une violente dispute a éclaté entre Marie Trintignant et Bertrand Cantat, qui vivaient une relation tumultueuse depuis plus d’un an. Rouée de coups par l’ex-leader du groupe Noir Désir, l’actrice de 41 ans est décédée le 1er août 2003 d’un œdème cérébral après cinq jours de coma, le lendemain de son rapatriement en France depuis la Lituanie, où se sont déroulés les faits. "Une vingtaine de traces de coups sont apparentes", avaient rapporté les médecins, dans leur rapport d’autopsie.

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Marie Trintignant @ ABACA

Bertrand Cantat a été jugé à Vilnius, où son procès s’est déroulé du 16 au 29 mars 2004. Reconnu coupable de meurtre commis en cas d’intention indirecte indéterminé (l’équivalent de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner dans le droit français), le chanteur a été condamné à huit ans de prison par les juges baltes.

Six mois plus tard, Bertrand Cantat a été transféré à la prison de Muret, près de Toulouse, où il s’est comporté comme un détenu modèle. C’est ainsi qu’il bénéficiera d'une liberté conditionnelle pour bonne conduite en octobre 2007, après avoir purgé moins de la moitié de sa peine.

Des conséquences tragiques ?

À sa sortie de prison, Bertrand Cantat est retourné vivre avec Krisztina Rády, la mère de ses deux enfants, qu’il avait quittée pour vivre une liaison adultérine avec Marie Trintignant, elle-même encore mariée à Samuel Benchetrit.

Malgré avoir été éconduite alors qu’elle attendait leur deuxième enfant, l'interprète de formation et femme de lettres d’origine hongroise avait fait part d’un soutien sans faille envers son mari, assurant n’avoir "jamais subi de violences de {sa} part". "Au contraire, dans ses rapports privés comme publics, il privilégiait la discussion, le fait de comprendre certaines choses dans la vie d'un couple", avait-elle déclaré à la barre. Et elle n'a pas été la seule à être montée au créneau pour prendre la défense de l'interprète d'Un homme pressé.

Mais tout cela n’aurait-il été que de la poudre aux yeux ? Le 10 janvier 2010, Krisztina Rády mettait fin à ses jours par pendaison, à son domicile de Bordeaux. Dans sa lettre d'adieu, elle avait évoqué les "cris incessants" de Bertrand Cantat et avait également laissé des messages vocaux à ses parents avant son passage à l’acte, sonnant comme un appel à l'aide. Aussi, ce drame aurait-il pu être évité si Bertrand Cantat n'avait pas été remis en liberté ?

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Krisztina Rády @ MINDAUGAS KULBIS/AP/SIPA

Une erreur de jugement aux lourdes conséquences ?

Si cette triste affaire fait son retour sur le devant de la scène vingt-et-un ans après les faits, c’est parce que le 27 mars dernier, Netflix a mis en ligne le documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, qui revient en trois volets sur la mort de Marie Trintignant et celle de Krisztina Rády.

Ce samedi 12 avril, le juge d’applicateur des peines qui a décidé de libérer Bertrand Cantat était reçu l’invité de l’émission C l’hebdo, diffusée sur France 5. S’il est revenu sur sa décision de l’époque, Philippe Laflaquière s’est toutefois justifié en expliquant que l’artiste lui avait laissé plutôt bonne impression lors de leurs entrevues. "Une personnalité très calme, très pacifique, bien perçu par les autres détenus", a-t-il décrit-il.

Il était serviable, il donnait des cours de guitare à ceux qui les demandaient. Peut-être qu'avec du recul je me dis que je me suis trompé, que l'on s'est trompés (sur la perception de sa psychologie, NDLR).

Le magistrat a indiqué avoir aussi pris en considération d’autres critères, comme "les efforts d'insertion" de celui qui s'est attiré les foudres de Marlène Schaff.

Interrogé sur ce qu’il avait ressenti après avoir appris le suicide de Krisztina Rády, Philippe Laflaquière a avoué avoir été "vraiment bouleversé" :

Il y a eu tout de suite des interrogations douloureuses pour se dire qu'effectivement, il y avait eu des violences.

S’est-il souvenu.

Et d'admettre qu'il s'était "trompé" :

Pendant le temps conditionnel, si les faits avaient été dénoncés et que Krisztina avait déposé plainte, il est à peu près certain que la conditionnelle aurait été révoquée.