À l’occasion de la promotion de sa nouvelle pièce Je me souviendrai... De presque tout, actuellement jouée au Théâtre Montparnasse, Pierre Arditi s’est longuement confié dans les colonnes du Journal du Dimanche. Un entretien où l’acteur, aujourd’hui auteur de son premier ouvrage Le souvenir de presque tout, a accepté de revenir sur les zones plus sensibles de son histoire familiale, notamment sa relation compliquée avec son fils Frédéric, aujourd’hui âgé de 56 ans.
Son livre, paru le 13 novembre dernier, lui a permis d’aborder des souvenirs longtemps gardés sous silence. En feuilletant sa mémoire, il revient notamment sur l’année 1966, lorsqu’il épouse la comédienne Florence Giorgetti. Leur fils Frédéric naît en 1969, alors que Pierre Arditi débute à peine dans le métier. Leur séparation en 1978 laisse des traces durables dans le rapport père-fils, déjà marqué par l’absence et les déplacements liés à la vie d’acteur.
Pierre Arditi sur sa relation compliquée avec son fils Frédéric
Dans sa pièce, il incarne un père accaparé par son travail, incapable de trouver sa place auprès de son enfant. Un rôle qui, forcément, fait écho à sa propre histoire. “Nous avons des points en commun, c’est sûr. Dans ma relation avec mon vrai fils, Frédéric, par exemple. On l’adore, sa mère et moi, mais nous étions deux très jeunes comédiens. Il fallait se fabriquer, partir jouer en province... Que voulez-vous que je vous dise ? À un moment donné, il a été bringuebalé entre ses grands-parents maternels et paternels”, raconte-t-il. Il reconnaît également la souffrance qui s’est installée au fil des années : “Quand je rentrais, je me sentais coupable et il nous réglait notre compte. Mais il y a prescription maintenant, c’est arrangé”.
L'acteur lance une pique à son fils : "Je ne vais pas lui dire ce qu’il doit faire"
Si les tensions semblent aujourd’hui apaisées, l’acteur n’en garde pas moins une forme de franchise désarmante lorsqu’il parle de son fils. Remarié depuis 2010 à Évelyne Bouix, il a découvert une autre forme de parentalité grâce à Salomé Lelouch, dont il est devenu le beau-père, puis à la fille de celle-ci, Gabrielle. Leur lien s’est développé avec une douceur qu’il savoure pleinement. “Je suis aussi devenu un beau grand-père à la naissance de Gabrielle, la fille de Salomé. Ma relation avec cette jeune fille de 11 ans est délicieuse. Mon fils, lui, n’a pas d’enfant, ce con ! Mais ce n’est pas à 56 ans que je vais lui dire ce qu’il doit faire”, lâche-t-il avec l’humour mordant qu’on lui connaît.
Ce bonheur découvert sur le tard vient peut-être combler un manque. Comme il le dit lui-même : “Je suis obnubilé par la petite enfance. Comme on m’en prive, moi, je la regarde chez les autres, elle me nourrit de beaucoup de choses.”
Reste à savoir comment Frédéric prendra la remarque de son père.